Un ancien disquaire, un vieux musicien de jazz américain, une caissière mystérieuse comme le ciel de Naples, tous ces protagonistes se croisent, par hasard, dans la région de Bellechasse ou à Québec et traînent dans leur décor, en filigrane, une quête d’identité. Comme si les racines suivaient, délicatement mais assurément, dans l’ombre ou sous la surface du sol apparemment lisse et solide, les pas des personnages, où qu’ils aillent. Errer, bien sûr, mais le magnétisme de certains pôles oriente toujours plus la fuite qu’on ne voudrait le croire. C’est un peu ce que vivent Thomas et tous les autres personnages qu’épouse le regard du narrateur dans ce formidable premier roman du poète et comédien Henri Chassé. Pendant qu’un pygargue plane au-dessus du fleuve Saint-Laurent, c’est aussi la figure de la mère qui imprègne le ciel et celle de la paternité qui rythme cette touchante histoire. Dans ces ciels parallèles se lisent les parcours et les chassés-croisés d’un cortège de protagonistes des plus incarnés. Henri Chassé sait ce que c’est que de construire un personnage.