Il suffit d’à peine une minute à un tueur pour faucher trois vies à l’arme d’assaut. Après, le temps se met à tituber pour les proches des victimes. Ahuri, hébété, sonné, chacun se relève péniblement. Ils se sentent tués mais sont toujours vivants. Au cœur des contrecoups, les raisons qui ont produit ce massacre importent moins que le tissu déchiré de la vie qu’on doit repriser point par point, malgré la vue brouillée par les larmes, malgré l’envie d’abandonner, malgré un frère devenu meurtrier. Parce que la famille d’un tueur aussi subit les ravages de l’attaque. Parfois, le courage consiste à traîner le jour sur ses épaules accablées, à résister et à persister vers la vie, le cœur soutenu par ceux-là mêmes qui nous manquent. Dans un rythme irrésistible, Marie Laberge impose cette poignante humanité dont elle a le secret, avec cette prose envoûtante qui a contribué à cimenter sa place parmi les plus grands écrivains de notre époque.