Les maladies infectieuses ont depuis toujours accompagné les humains. Elles ont marqué leur histoire et parfois bouleversé leurs destinées. Et même si l’on a pu naïvement les croire vaincues, vers la fin des années soixante-dix, cette nouvelle venue que fut le sida nous a soudain rappelé que la saga continuait. Le sida est une maladie infectieuse de plus. Un chapitre de plus dans cette histoire sans fin des microbes, des virus et des hommes. Mais aussi, une maladie pas comme les autres. Pas comme les autres parce qu’on l’a vue éclore sous nos yeux (comme ce sera le cas en 2020 avec la COVID-19). Parce qu’elle s’est d’abord attaquée à de jeunes adultes normalement pleins d’énergie et de vie. Parce qu’elle a lugubrement marié l’amour et la mort. Parce qu’elle a provoqué, peut-être même déchaîné, une couverture médiatique alors sans précédent pour une question de santé. Parce qu’elle a causé des scandales comme celui du sang contaminé. Mais aussi parce qu’elle a suscité une mobilisation humanitaire remarquable. Et déclenché une véritable épopée scientifique et médicale. Ce livre raconte une histoire du sida, une histoire que j’ai vue se dérouler avec des yeux de journaliste. J’ai couvert ce sujet depuis les tout débuts, il y a près de quarante ans. L’histoire que je présente ici s’est donc écrite de deux façons. En direct, au fil des années et des reportages. Et après coup, avec tout ce que permettent la mémoire de l’auteur, la plongée dans ses carnets de reportage, et les nouvelles recherches et découvertes qu’il a faites en cours de rédaction. Récit de l’inoubliable aventure professionnelle que fut la couverture de cette inoubliable aventure humaine, médicale et scientifique, Le Deuil et la Lumière témoigne aussi d’une expérience personnelle. Il témoigne de tout ce que m’a appris et apporté le fait de côtoyer de si près et parfois si intensément la maladie et la mort, la souffrance et le désespoir, en même temps que la grandeur de la solidarité humaine, la sourde force de l’espoir et l’inépuisable beauté du désir de vivre. Yanick Villedieu