La poésie de Pourbaix montre à quoi peut ressembler une vie de l’esprit qui serait ancrée dans le vide d’une présence, ou de la présence (nous avons tous apparemment la même). Et c’est pourquoi, loin d’ajouter au bruit, ces pensées nous réduisent au silence, parce qu’elles sont les champignons du silence. Tous les livres de Pourbaix semblent frappés par cet éclair de conscience : le monde est là, et ils n’en sont pas vraiment revenus. Ce n’est pas pour rien si les tout premiers mots sont: « voir sentir », avec un espace entre les deux pour laisser entrer le blanc de la page qui est aussi le vide de l’esprit qui se rend disponible au monde. Il y a peu d’introspection dans cette poésie, la mise en scène de soi est souvent réduite au fait d’être là, dans un monde qui n’en finit plus de faire tourner la roue des paysages et des rencontres. On fait du chemin d’un livre à l’autre. On bondit entre Montréal et les anciennes cités du Mexique, puis dans le pays de la mère, avant de revenir dans l’arrière-pays québécois. À son tour, L’intimité nomade parcourt l’oeuvre de Pourbaix.