La médecine moderne aurait été introduite au Maroc par le colonisateur français et serait une conséquence positive de la colonisation. Reda Sadiki revient sur ce postulat bien ancré pour interroger les liens entre médecine et colonialisme. Il démontre, historiographie à l’appui, que la médecine a en fait été un instrument consubstantiel de la politique coloniale et qu’il y a eu non pas un apport à sens unique mais un ensemble d’interactions et d’échanges qui ont nourri la médecine mondiale. Extrait de la conclusion « La relecture de la médecine, et du passé colonial de façon générale, est aussi un moyen d’accommoder ou de déconstruire les schèmes élaborés durant cette période et qui gouvernent encore nombre de réflexes, de raisonnements, d’attitudes et de mentalités devenus forcément anachroniques et obsolescents. De l’eurocentrisme à l’hypocrisie de l’élévation morale compatissante, l’impensé colonial continue d’animer les esprits et d’inspirer bien des politiques internationales. La décolonisation des savoirs avance malgré tout sur ce terrain difficile où les conditionnements, les attachements à l’ordre établi et le refus des ruptures sont souvent très forts dans les anciennes métropoles. En agissant de la sorte, en se maintenant dans l’impasse ethnocentrique et en s’excluant des débats mondiaux à l’heure où le centre de gravité de notre planète se déplace irrésistiblement vers de nouveaux pôles émergents, celles-ci accélèrent ironiquement ce contre quoi elles luttent : leur provincialisation. » Sommaire Introduction L’alibi humanitaire La médecine au service de la colonisation Médecine, ségrégation et idéologie La colonisation au service de la médecine Postérités de la médecine coloniale Bibliographie