Alain épouse Virginie en la crypte de l’oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal. En apparence, ce sera le plus beau jour de sa vie – de leur vie. Tout le monde est là, les parents de la mariée, la grande amie, les parents du narrateur – Libanais d’Égypte immigrés au Québec il y a trente ans, divorcés depuis vingt, qui ne se parlent plus depuis dix. Mais, à l’approche de la célébration, Alain va plus mal que jamais. Les insomnies sont de retour, l’angoisse et la maladie aussi. Et aujourd’hui, son cousin Édouard, son garçon d’honneur, son frère, perd pied, emporté par la mécanique folle d’un déni aux proportions bibliques. Alain prie pour que le sort les épargne, pour que ce grand jour en soit un de fête et de guérison. Or un nom resurgit au détour d’une phrase, un nom maudit remonté du fond de sa mémoire, là où gisent la honte et la douleur des années sombres, un nom que rejoignent bientôt une voix, un corps, une histoire. Un fantôme se fait chair, qui a plusieurs visages. Et tout ce qu’on a voulu oublier, tout ce qu’on a refusé de voir, tout ce qu’on a détesté vient réclamer son dû. Comme on fait son lit on se couche. Car la vie, ya Alain, est un piège qui sommeille dans la prison du temps. Oui, la vie, ya ebni, souviens‑t’en, ne dure pas : quelques joies, de grandes peines, mille secrets, mille dangers.