Même maltraité, un enfant ne souhaite qu’une chose : être aimé de son parent. Ma mère a pleuré le jour de ma naissance, mais ce n’étaient pas des larmes de joie. Elle ne voulait pas d’une seconde fille, et la magie n’a pas opéré. Les coups sont vite arrivés et, avec eux, la violence verbale. Mon enfance et mon adolescence ont été un enfer. Dans le bureau de la DPJ, alors que j’avais 7 ans, ma mère a lancé : « Je ne veux plus de cette enfant-là ! Trouvez-lui une autre famille ! » Au début du secondaire, elle m’a dit : « J’aurais préféré me faire avorter plutôt que d’avoir une enfant comme toi. » Cette phrase m’a fait plus mal que tous les coups que j’ai reçus. Il faut plusieurs êtres humains pour rafistoler un cœur brisé. Heureusement, des personnes m’ont tendu la main : mon grand-père, Rose-Aimée, Manon… En venant à ma rescousse, ils m’ont sauvé la vie. Ils m’ont donné une chance d’être aimée, de me rebâtir, de devenir autre chose qu’une enfant maltraitée et négligée. Mon histoire, c’est celle de milliers d’enfants au Québec. C’est pour eux que j’ai écrit ce livre. Mais aussi pour les parents qui ont du mal à rompre le cycle de la violence. Il faut ensemble retomber amoureux des enfants, leur ouvrir notre cœur et les accueillir comme ils sont. Il faut planter en eux des graines d’espoir, des graines d’amour. Dans mon cas, ces graines ont mis du temps à fleurir. Mais elles ont fleuri.