A travers des flash-back, le narrateur, entame le roman par la relation de l’échec de son mariage avec Maradia (Dédaigneuse), la fille de leurs voisins à Midelt. «Maradia, je serai ton pays d’accueil et tu seras ma terre d’asile», dit Injdi. «Ma femme serait le drapeau de mon unité que je planterai dans le no man’s land qu’est devenue mon identité. Mes deux pays, deux cultures, entre mon passé et le présent, et la garante de l’équilibre des dualités dans l’avenir», pense le narrateur. Ce mariage hâtif, qui a le goût d’un parti arrangé, avec son lot de mésaventures et de querelles familiales, était voué à l’échec car il n’était sous-tendu ni par des liens affectifs solides et mutuelle des deux parties, explique-t-il. Au fil du récit, le narrateur ponctue, en filigrane, le tracé de sa vie par des réflexions sur la famille, l’exil, l’identité, l’altérité… Par ailleurs, l’évocation de ses va-et-vient entre le Maroc et le Canada sont des motifs constants pour livrer le regard du narrateur sur son pays natal, fait d’étonnement et d’incrédulité. Ces évocations permettent aussi au narrateur de se souvenir de grands pans de sa vie dans sa ville natale Midelt à laquelle il continue toujours de vouer un amour et un attachement qui résistent aux vicissitudes du temps et de l’éloignement. Son long séjour à Sherbrooke n’a fait que nourrir son affection pour le Maroc en général et Midelt en particulier. Recourant à un langage allégorique, le narrateur écrit que «Midelt est ma mère, Sherbrooke, ma maîtresse». Né à Midelt au Maroc en 1957, Majid Blal s’est installé à Sherbrooke au Québec en 1981. De formation économique, il s’est investi dans la communication écrite et télévisée. Finaliste du grand Prix littéraire de l’Estrie (Canada) en 2002, l’auteur a été également finaliste du Prix Alfred Desrochers pour son récit «Une femme pour pays».