Il y a une dizaine d’années, les autrices ont toutes deux publié leurs premières nouvelles criminelles dans la regrettée revue Alibis, qui était alors l’unique périodique québécois à faire paraître des textes brefs relevant du polar. Bon nombre d’auteurs du genre semblent préférer le format plus long du roman d’enquête à celui de la nouvelle. Et pourtant. Les autrices affectionnent de manière particulière la nouvelle policière, les expérimentations multiples qu’elle permet. « L’envie d’écrire davantage de nouvelles policières persistait après la fermeture de la revue Alibis, en 2016. Nous avons alors pensé que le crime aimait les complices et qu’il serait stimulant de concocter ensemble des plans crapuleux. Nous pourrions écrire un recueil à quatre mains, qui prendrait pour cadre les noires forêts, leurs zecs, les chalets près de lacs parfois anonymes. Nous avons aussi en commun, depuis nos premiers écrits, la propension à camper nos histoires en régions, en milieux ruraux ou en territoires peu densément habités. Nous souhaitions, dans ce recueil, cartographier le Québec, proposer des escales tant en Gaspésie qu’en Mauricie, en Chaudière-Appalaches et dans le Bas-Saint-Laurent. Continuer à élaborer une toponymie du crime. » C’était l’une des lignes directrices du projet. La seconde donnerait son titre à l’ouvrage : Criminelles. Ainsi, dans toutes les nouvelles, des femmes sont mêlées à des méfaits de différentes manières, les « signent » ou en sont parfois les témoins. Les crimes prennent des formes variées, de la voie de fait au vol en passant par le meurtre, le délit de fuite ou le fait de garder le silence sur une violation de la loi. La troisième inspiration des autrices fut le calendrier sélène, le passage des différentes phases de la lune – pleine, absente, ou partielle – entre janvier et décembre. Saviez-vous qu’un certain nombre d’années comptent une lune perdue, treizième apparition dans le ciel de l’astre blême ? « Notre recueil ne pouvait que s’infiltrer dans cette brèche suspecte. » Vous êtes conviés à de bonnes promenades forestières sous l’égide de l’astre sélène en ces pages criminelles au féminin pluriel.