« Who do you think you are? Pour qui te prends-tu ? demandait ma mère. Si j’ai changé de vie et de langue maternelle, c’était pour que ma mère ne puisse pas me lire. Si j’ai changé de vie et de langue maternelle, c’était pour pouvoir respirer alors que j’avais toujours étouffé. Je raconte, ici, l’histoire d’une femme qui a appris à respirer dans une autre langue. Qui a plongé et refait surface ailleurs. » Qui n’a pas songé un jour à changer d’identité, à se réinventer complètement ? Pour Lori Saint-Martin, ce désir de réinvention s’est imposé telle une brûlante nécessité. Dans ce récit à la fois lumineux et cruel, elle nous dit comment elle a rejeté le milieu, la culture et la langue qui l’ont vue naître pour devenir autre. Cette métamorphose trouve sa force dans un événement qui a tout d’une révélation : la découverte de la langue française. Pour qui je me prends est un hommage aux langues, à la manière dont elles nous font, nous construisent, mais c’est surtout l’extraordinaire aventure d’une adolescente, d’une femme qui, telle une nouvelle Alice, ose traverser le miroir pour revenir enfin changée en elle-même.